B n B à Lesconil, Bars et Bobards

Avant-propos

Un bar, un beau, un vrai, un bon, un savoureux, un authentique.

Les histoires de bars, de « bobards » de « bars beaux »  de « loubards » et même de « Bombard » ne manquaient pas en ce temps-là  dans le petit port de Lesconil.

Encore faut-il savoir ce que l’on entend par « Bar ».

Une enquête approfondie avec un retour aux sources (nombreuses dans un bar) est nécessaire pour essayer de percer ce mystère.

Le terme de « Bar » désigne principalement deux espèces de poissons :

– le Dicentrarchus labrax  (commun),

– le Dicentrarchus punctatus  (tacheté).

Le mot « Bar » vient de l’allemand « Barsch» (il faut bien prononcer le « R » avec le « CH » comme en breton pour éviter la confusion avec « barge »).

Il y a aussi deux appellations distinctes pour un même poisson : bar et loup

loup

Le Loup

Le loup est un carnassier craintif, pas facile à attraper se cachant  dans des endroits difficiles d’accès. Contrairement à son homonyme terrestre, le  loup de mer n’attaque pas en meute pour capturer ses proies. Il est plutôt du genre solitaire.

Pourquoi un terme aussi peu attirant pour un poisson aussi noble. C’est peut-être pour leur côté sauvage que les pêcheurs méditerranéens lui ont attribué ce nom. Il est vrai que le loup se jette facilement sur ses proies.

Le Bar

Le bar breton est un poisson très apprécié, surtout quand il s’agit du « bar de ligne ».

On le pêche à la traîne avec une ligne équipée d’une cuillère. Ce n’est pas une plaisanterie,  la cuillère n’est pas celle qui sert à manger la soupe, mais une vague esquisse brillante munie d’un grappin.

Il n’était pas nécessaire qu’elle fut en argent, le bar tout en étant un poisson noble ne dédaigne pas de se jeter sur une cuillère en plomb ou en toc.

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Il ne dédaigne pas non plus de se jeter, carnivore qu’il est, sur un « rapala » pourvu que celui ci fut à son goût. Pour les non pêcheur, un rapala est un leurre, en général, une imitation d’un petit poisson.

rapalaLe rapala géant du Comptoir de la Mer au Guilvinec

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rapala géant du Comptoir de la Mer du Guilvinec

Le bar aime aussi les vers de vase, lombrics, avec une préférence pour la Néréide ou gravette.

Le bar, qui est un carnassier plutôt vorace, se jette  sur la cuillère croyant attraper une sardine.

Il aime chasser dans les forts courants marins comme ceux du Raz de Sein.

Dans ma jeunesse, durant les périodes d’hiver, les bars venait frayer dans le Ster et qu’il n’était pas rare d’en pêcher depuis la digue.

J’ai eu la chance d’en attraper, quand la marée montait et que le courant était fort. La construction du pont digue a fait disparaitre cette migration.

De nos jours, les prises de bars sauvages se faisant plus rares, même dans les courants du raz de Sein,  la production aquacole est devenue un enjeu majeur.

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Les élevages disposent de stocks de géniteurs dont la ponte peut être déclenchée à tout moment dans l’année.

Les juvéniles passent de quelques grammes à plus d’une livre en deux ans.

Le bar d’élevage n’a pas du tout a même saveur que le bar sauvage en particulier celui pêché à la ligne.

Après la seconde guerre mondiale, la commune de Plobannalec-Lesconil connu une période florissante, en particulier le port.

La pêche était abondante, car durant toute la période d’occupation, les ressources halieutiques avaient eu le temps de prospérer, « Gast donc ». Il faut souligner que durant cette période la « Gast » (douane allemande) veillait au grain et ne délivrait les autorisations de pêche qu’au compte-goutte.

La  libération avait eu un effet bénéfique sur les toutes les « bourses » et on put alors assister au boum des constructions neuves , bateaux et maisons, comme à celui des naissances.

Poussé par la progression de l’armée allemande quelques familles vinrent s’installer à Lesconil.

Un de ces réfugiés venant du nord de la France, vint s’y  installer et devint marin pêcheur.

Il disait avec son accent de « ch’ti » : « Lesconil est un petit pays qui n’est pas grand ». Même monsieur de La Palisse n’aurait pas fait mieux.

Bon bar ou plutôt Bombard

Tous les marins du  monde connaissent cette fameuse annexe en caoutchouc de type « zodiac » qui à l’origine devait servir de radeau de survie pour les naufragés.

L’inventeur du soit disant « Insubmersible »  ou plutôt son « pilote expérimentateur » fut le très controversé docteur Bombard qui testa seul sur son radeau  dénommé « l’Hérétique » la traversée de l’Atlantique, sans vivre et sans eau.

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Le 3 octobre 1958, Alain Bombard, voulu expérimenter son radeau de survie par gros temps.

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Il choisit  pour son expérimentation la « barre d’ Etel », zone dangereuse par excellence  à cause des courants, des bancs de sable et des grandes lames qui se forment à l’embouchure du goulet de la rivière lorsque le jusant de la ria rencontre les hauts fonds ou se  forment  les bancs de sable. Le phénomène est accentué par fort vent de suroit qui contrarie l’écoulement des eaux.

L’expérience tourna au drame. Le radeau « Bombard »  se retourna.

Le bateau de sauvetage d’ Etel « Vice-Amiral Schwerer » vint au secours des naufragés.Malheureusement un orin se prit dans l’hélice et sans propulseur, ne pouvant plus manœuvrer, il se mit en travers des lames et n’étant pas un canot dit « insubmersible », chavira à son tour.

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Le bilan fut très lourd: neuf morts dont cinq de la Société de Sauvetage en Mer d’ Etel et quatre des six passagers volontaires du radeau  d’Alain Bombard.

A propos de « « Bombard » , quelques anecdotes, pas des bobards, circulaient dans les bars de Lesconil.

Alain Bombard était marié en première noce à madame Calvet, Docteur en médecine, dont les parents possédaient la grande maison près du sémaphore.

Il adorait faire de la plongée  en apnée au tombant du Goudoul.

Ma mère m’a raconté que quand il avait la chance de ferrer une belle vieille  commune ou coquette (je ne parle pas d’une personne d’un certain âge mais des poissons de roche appelés labrus bergyita ou labrus vixtus), il faisait le tour du port et des rues de Lesconil pour montrer sa capture et non… sa conquête…

La vieille ne figure toujours pas dans la catégorie des poissons dit « nobles », sans doute à cause de ce nom populaire et de l’aspect ridé de sa tête.

Pourtant une bonne « velour groar » (orthographe breton phonétique), une belle vieille cuite à la vapeur sur un lit de pommes de terre est un plat délicieux.

Après une chute malencontreuse en vélo, ma mère m’a conduit chez le docteur Calvet qui était absente. C’est donc Alain Bombard qui a essayé, tant bien que mal, de me remettre la côte cassée en place. N’étant pas vraiment docteur au sens étymologique du terme mais plutôt « biologiste marin », le résultat ne fut pas probant.

Après son expérience dramatique d’Etel et une période de dépression, Alain Bombard fut appelé comme « Délégué Général » du Musée Océanographique fondé et financé par Paul Ricard sur l’île des Embiez.

Au bout de quelques années d’oubli sur l’archipel, Bombard, qui aimait être sous les projecteurs, passait plus de temps à faire de la politique que de s’occuper du sexe ou de  la reproduction des mollusques, moules, palourdes ou bigorneaux.

Il fut quelque temps, de 1979 à 1985, conseiller général du canton de Six-Fours les Plages. Il eut son heure de gloire en devenant durant une très brève période pour ne pas dire supersonique, un mois en 1981,  secrétaire d’État à l’environnement du gouvernement de Pierre Mauroy.

En 2002, lorsque j’étais Responsable du Développement de la Société Paul Ricard, j’ai revu Alain Bombard à Six-Fours les Plages et Bandol

Une autre anecdote lesconiloise concernant Alain Bombard.

Il s’était lié d’amitié avec le docteur Colin qui venait de s’installer à lesconil et qui avait son premier cabinet dans sa maison sur les dunes pas très loin de la bâtisse du sémaphore.

Françoise Colin, la fille du docteur, a bien voulu me raconter cette histoire au sujet de son père et de Bombard.

Ils partaient parfois en bateau pêcher dans les parages de l’archipel des Glénan.

A cette époque les ilots étaient quasiment désertiques.

Après la partie de pêche, ils se baignaient en « simple appareil », je ne parle pas d’un quelconque appareil photo ou autre, mais plutôt de l’absence de maillot de bain.

Il est vrai que durant cette période, les « naïades bigoudènes » n’étaient pas légion sur les plages.

Dans ma jeunesse, je n’ai jamais vu une bigoudène dans l’eau, à part les pieds.

Ils étaient sans aucun doute les pionniers de la plongée « sans appareil » contrairement aux « Mousquemers » qui avaient inventé l’appareil de plongée le scaphandre autonome.

Les Mousquemers sont les pendants des Mousquetaires, sauf que leurs terrains de jeux n’étaient pas sur terre mais sous la mer.

Comme eux ils étaient quatre :

  • Le capitaine de corvette Philippe Taillez
  • Le lieutenant de vaisseau Jacques-Yves Cousteau
  • Frédéric Dumas
  • L’ingénieur Emile Gagnan (trop souvent oublié)

A ces quatre pionniers, il faut ajouter l’officier mécanicien Léon Veche (complètement occulté)

Les mousquemers furent les pionniers de la plongée en France. Ils sont à l’origine de nombreuses inventions concernant comme :

  • Le scaphandre autonome (bouteilles d’air comprimé)
  • Le détendeur d’air
  • Le masque de plongée

Le commandant Philippe Taillez fut le premier commandant du Groupe d’ Études et de Recherches Sous-marine (GERS) de la Marine nationale en 1945 qui deviendra le Groupe d’Intervention Sous la MER (GISMER) et de nos jours la CEllule de Plongée Humaine et d’Intervention Sous la MER (CEPHISMER).

Les palmes qu’utilisaient les mousquemers furent inventés par le capitaine de corvette Louis de Corlieu qui habitait près du port de Six-Fours Le Brusc face à l’archipel des Embiez et de la petite île du Gaou ou se trouve la plaque commémorative des plongées des mousquemers.

Le 10 mai 2002, j’ai participé à cette inauguration en compagnie de Patricia Ricard, Présidente de l’Institut  Océanographique Paul Ricard.

Le musée océanographique Paul Ricard est le seul musée « privé » au monde.

Pour la petite histoire:

  • En 2016, des ossements humains furent découverts à côté de l’ex villa Calvet au Goudoul, sans qu’on sache leur provenance. L’énigme perdure encore de nos jours.

Durant la seconde guerre mondiale, les allemands de « la Gast » (douane) occupaient le sémaphore. Un épisode tragique a eu lieu peu avant la libération à Lesconil. Y aurait t’il une relation et une piste en ce qui concerne ces ossements ?

Pour tout savoir sur cette histoire suivez le lien ci dessous:

https://kermokostories.wordpress.com/2016/01/23/du-sang-sur-la-plage-de-la-torche/

maison-calvet

Malgré son impopularité surtout du côté du golfe du Morbihan , Alain Bombard à été le précurseur du problème de la survie en mer. Il a convaincu les gens de mer de la nécessité d’embarquer à bord de tous les navires des radeaux pneumatiques. Les progrès du largage et du gonflage automatique sont venus conforter cette absolue nécessité.   Il n’est pas un navire qui ne soit équipé d’un « Bombard ».

Le bar, débit de boissons et non de poissons

Mais revenons à notre sujet…le bar, mais pas celui capturé par les pêcheurs à la « barre » de leurs  sa  « barques » ou « barcasses », et qu’on mange avec délectation, mais plutôt celui dans lequel on consomme liquide.

Parfois le bar proposait une autre activité mercantile comme  le tabac, les journaux, le pain et même la viande. Le bar avait d’autres appellations telles que: Buvette, bistrot, café, troquet, gargote, taverne, débit de boissons etc…

En ce temps-là, la boisson phare du marin était le vin rouge. Pas un Pommard, un Margaux  ou un Château-Laffitte, mais plutôt un vin corsé titrant 13 ou 14 degrés qui venait en droite ligne d’ Afrique du nord par la mer dans des « pinardiers » jusqu’au port du Corniguel à Quimper. Le vin était directement pompé les cuves pour être transféré dans des chais.

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Des camions citernes convoyaient ensuite ce breuvage épais qui titrait 14 ou 15 degrés d’alcool vers les unités d’embouteillage.

Les quais du port de Brest étaient pourvus de « pipeline à vin »  qui permettaient le remplissage des cuves de « pinard » des bateaux de guerre.

Le vin était stocké dans des cuves en ferraille située à l’avant du bateau. Du bromure y était ajouté. Le vin était brassé en mer et il tournait vite au vinaigre. Il fallait avoir l’estomac blindé pour ingurgiter un tel breuvage. Le « picrate » était servi dans des bidons, un quart par marin.

Les marques les plus connues à l’époque et  dont je me souviens étaient:

le Margnat, le Kiravi, le Sénéclauze.

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Les vieux marins disaient:

« le Margnat, l’ami de l’estomac ». Il aurait été plus judicieux de dire:

« le Margnat, des trous dans l’estomac »,

Trop  plein de « Kiravi  » adieu la vie ».

« le Sénéclauze », avec deux ou trois  verres l’affaire est clause.

Un peu d’histoire de ces vins d’Algérie

Le vin « Margnat »

margnatEdouard Margnat est un des premiers négociants en vins. Il crée ses chais à Marseille, au quai de la Tourette. Il fait venir le vin d’Algérie), Ses fils Paul, Robert et Jacques, lui succèdent à partir de 1940. Ils vont être connus dans le milieu du vin sous le surnom des « Frères Margnat ». Par la publicité sur les murs, chez les détaillants, le long des routes et sur les camions de livraison, le « vin Margnat » va devenir progressivement au cours de ces années un terme familier dans le paysage des villes et des campagnes françaises.

Le vin « Kiravi »

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La société Sapvin de Marseille est dépositaire de la marque « Kiravi ».  Sapvin absorbe en 1965 la Société des Vins de France de Lyon. Sapvin est alors un des premiers négociants français. En 1967, Sapvin est absorbée à son tour par la société Margnat.

Le vin « Sénéclauze »

seneclauzeThéodore Sénéclauze, monte en 1890 à Oran en Algérie une affaire de négoce de vin en barriques. Théodore Sénéclauze est sans doute le premier à avoir lancé ce système de distribution. Bientôt la Maison Sénéclauze se spécialise dans la sélection de vins d’Algérie et particulièrement d’ Oranie.

Pierre Sénéclauze, son fils, fait l’acquisition en 1935 du  Grand Cru classé « Château Marquis de Terme » à Margaux.

En 1962,  la famille Sénéclauze s’installe à Marseille. La Maison poursuit ses activités de distribution de vins d’Algérie en ajoutant à sa gamme des vins du Sud de la France.

Les marins bretons de cette époque consommaient en priorité ce vin rouge rugueux venant des coteaux du  Maghreb car il n’était pas onéreux.

Le quart était l’unité de mesure par excellence. Les quarts étaient remplis à raz bord.

quartPour  boire sans en renverser la moindre goutte, les marins utilisaient la méthode dite du  « Meutou kozh ».

Cette méthode consistait à ne pas prendre le verre avec la main, au risque de renverser le précieux liquide, mais de rapprocher ses lèvres  du bord du verre et d’aspirer pour faire baisser le niveau. C’est seulement après cette première et délicate opération que le verre pouvait être saisi sans risque de débordement.

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Je me souviens d’une anecdote qui se racontait entre marins à Brest.

C’était à n’en pas douter un bobard pour se moquer des marins des ports (marins des remorqueurs) surnommés « Margats ».

« Yann ar Gall » , un vieux quartier maître-chef au dessus de 10 ans de grade « Margat », mais aussi « Margnat » à toutes heures , passe un test pour  essayer de passer au grade de  second-maître.

Le maître principal examinateur lui demande: « Le Gall » pouvez vous me dire combien y a t’il de quarts dans un litre ».

Yann réfléchi un bon moment en se frisant une moustache décolorée tirant sur le rouge Margat et annonce, sur de lui:  » Trois bons! Maître principal »

D’où vient ce surnom de « Margat »?

Sans doute du nom d’une espèce de  mouettes qui tournent et virevoltent dans les ports, tout comme le font les petits remorqueurs de rade autour d’un grand bateau pour l’aider à accoster.

Le bar,  lieu de convivialité

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A cette époque, point de télé ni d’internet, les bars étaient le lieu de rendez-vous des marins et des autochtones ou toute la vie locale se déclinait,  la vrai, comme la fausse.

Si les murs des bars de Lesconil pouvaient parler, ils nous raconteraient des histoires de marins « barbus», qui racontaient des « bobards », « conchenou » et autres « ouin ouin » de  la vie locale.

Dans ces estaminets, les rumeurs allaient bon train. Les absents avaient systématiquement le droit à un costume sur mesure. On y rencontrait des personnages haut en couleur comme :

  • Les marins« barbus » « baragouinant » dans leurs  « barbes» fournies,

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  • Le «barbouze » qui racontait ses périples sur les côtes  de « Zamzi bar »,
  • Le «bar bot» qui se gaussait d’histoires de « slibars » et de « ni bars »,
  • Le « barjot » qui se prend pour un « malabar« ,
  • Le « loubard » qui ventait ses exploits de loup de « barrière »,

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  • Le « barde» qui chantait de la musique « bar oque »,
  • Le « Malbar » qui se souvenait de la fête du « kabar» sur son île,*

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  • Le «baron » qui parlait de sa « baronne »,
  • Le « barman » qui tirait du vin de  sa « barrique »,
  • Le « barjo » qui exhibait son « Kalbar » à fleurs,

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  • Le « barbare » qui voulait expier ses péchés pour atteindre au « baradoz ».(« baradoz » en breton signifie: « Paradis »).

Ce paradis existe bien à quelques encablures de Lesconil, au pays des Tartares.

De bars en bars en évitant les embardées

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Avec sextant et boussole, pour éviter de perdre la route

Embarquez dans la barcasse pour une navigation erratique, en faisant escale dans les différents bars, cafés, buvettes, débits, bistrots et estaminets, qui jalonnaient le port. La plupart de ces escales mythiques ont disparues à jamais.

Par le passé, les mauvaises langues disaient qu’à Lesconil il y avait autant de bars que de bateaux, mais ce n’était qu’un mythe. En réalité on a compté dans les années d’après guerre entre 1950 et 1970 vingt-sept bars pour une cinquantaine de « Malamoks » et une vingtaine de « Misainiers ».

Les bateaux accostaient de part et d’autre de la cale en pente qui servait à mettre à l’eau le canot de sauvetage. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les marins remontaient la cale pour se rendre à  la Descente des Marins », notre première escale.

A la « Descente des Marins »

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La « descente des marins »dans les années 1920

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Ce bar fut construit par la famille Kerling dans une grande bâtisse sur le port derrière l’abri du canot de sauvetage entre les deux postes des  douanes.

Plus tard, le café fut tenu par Madame le Garrec dite « Bouclettes ».

Parfois, avec mon grand-père, j’ai eu l’occasion d’entrer dans le lieu et j’en garde un  vague souvenir.

Passé la porte et une petite marche, on pénétrait dans le café qui me paraissait sombre et austère. Le sol du bar était en terre battue, le comptoir se trouvait au fond à droite avec derrière, à peine visible,  la patronne aux cheveux blancs bouclés.

Une porte permettait d’accéder à une cour intérieure ou était installé de grandes cuves posées sur des tréteaux  et chauffées au feu de bois.

L’une d’entre elles contenait du coaltar qui servait à colmater les coques et surtout à enduire les casiers;

Dans la seconde bouillonnait une mixture rougeâtre qui servait à teindre les voiles et les cordages.

Pendant que les cordages et les voiles trempaient dans le liquide chaud couleur de sang, les marins patientaient au comptoir en descendant quelques chopines de vin rouge. Le bar méritait bien son nom car la descente était conséquente.

La famille kerling avait vendus le bar pour faire construire, un peu plus loin sur le port,  un établissement hôtelier avec une épicerie et bien sur un petit bar. Nous y ferons escale plus tard.

Le bar « A la Descente des Marins » existe encore de nos jours.

Il n’y a pas que les marins pour faire escale à la « Descente des Marins ». Ce superbe goéland est venu voir le menu avant de s’installer en terrasse face au port.

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Après la descente des marins, peu de route à faire pour amerrir au « Café du Port ».

De la  » Buvette » au « Quincy » en passant par le  « Café du Port »

A quelques encablures, l’abri du canot de sauvetage n’existait pas encore,  fut construit la « Buvette » du port. le premier propriétaire était Théodore Goulard. Théo et son épouse, que les marins appelaient gentiment « tante Adèle », ont tenu ce bistrot de marins dès les années 1900.

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Après la seconde guerre mondiale la buvette fut vendue à François Tanguy dit « Fanch ».

La « buvette » changea de nom pour devenir le  » Café du Port ».

Retour de pêche, mon grand-père Pierre-Marie Quintric (gauche) et Pierre Charlot  accoudés au comptoir du Café du Port.

« Fanch » était un petit personnage, court sur pattes mais haut en couleur,  qui n’hésitait pas à remettre sa tournée aux clients les plus fidèles. Cela lui permettait aussi de ne pas avoir le gosier trop sec tout au long de la journée.

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Le « Café du Port »,  du simple bistrot de marins, s’agrandit pour devenir la crêperie « du Vieux Logis » avec une petite restauration des produits de la mer.

Le « Men Ar Groaz » ( la pierre du milieu)

Plus tard un troisième bar, vint s’immiscer sur petite place derrière le bâtiment de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés (SCSN) ex Hospitaliers Sauveteurs Bretons (HSB) qui servi d’abri pour les canots de sauvetage « Foubert de Bizy » jusqu’en 1910, puis « Amiral de Maigret » jusqu’en septembre 1952.

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Par la suite le bâtiment fut transformé en criée aux poissons, puis entièrement rasé.

Les marins arrivés en canot depuis les malamoks mouillés dans le port débarquaient leur pêche sur des charrettes et ils remontaient la cale en pente jusque dans la criée ou les produits de leur pêche étaient exposés pour être vendus. Les mareyeurs se tenaient de part et d’autre des charrettes sur des estrades d’où ils pouvaient jauger le contenu des caisses et acheter la marchandise au prix du « crieur ».

Le « Men ar Groas » fut le bar branché de la jeunesse lesconiloise des années 1960/1970. Il avait été construit par Jean Claude Bozec le propriétaire.

jukeboxDans le bar un jukebox faisait entendre les chansons et musiques des années « Salut les Copains ». Les vinyles 78 tours des « Chaussettes Noires » d’Eddy Mitchell, des « Chats Sauvages » de Dick Rivers, qu’imitait mon copain Jean Claude Charlot, tournaient sans discontinuer en boucle sur le jukebox en diffusant  les paroles et musiques Rock and  Roll des chanteurs et des groupes en vogue de l’époque « Yé Yé ».  » Tombe la neige », « Elle était si jolie » , « J’entends siffler le train », « Capri c’est fini », » Nathalie », « les copains d’abord » et bien d’autres encore.

Plus tard, fini l’insouciance des années « Age Tendre et Têtes de bois »,  le « Men Ar Groas » fut vendu et il plongea vers les profondeurs pour devenir «  les Abysses ».

De nos jours, le « Café du Port » et les « Abysses» sont réunis en un seul et même établissement : «  le Quincy ».

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A partir de 1998, le « Quincy » va servir de QG à l’équipe du Suisse Bernard Stamm tout au long de la construction du voilier qu’il destine pour le Vendée Globe de 2000/2001. Le chantier est situé non loin de là sur le port dans un hangar  face au « Comptoir de la Mer ».

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En 1999 les demi-coques sont démoulées  avec l’aide des habitants de Lesconil.

Le bateau est un plan Rolland de 60 pieds en carbone. Il mesure 18 m 28  pour 5,63 de largeur avec un déplacement de 8,8 tonnes. Il a une voilure de 335 m2.

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En 2001  Superbigou a battu le record de traversée de l’Atlantique en 8 jours 20 heures.

Pour la petite histoire, « Superbigou » a été racheté par le Suisse Alan Roura. Devenu « La Fabrique« ,  Il participe au Vendée Globe 2016/217.

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Quittons la place du port et ses trois débits de boissons par la rue du Port. Il ne faut pas plus d’une centaine de pas pour nous retrouver dans un nouveau « triangle de bars ». Le plus ancien d’entre eux était le débit tabac Cariou.

Débitant de tabac Cariou

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Situé à l’angle de la rue du Port et la Grand Rue de nos jours, rue Jean Jaurès, ce bar construit au début des années 1900  par Germain Cariou, était plutôt connu sous le nom de chez « Pitt ».

Plus tard vers 1910, le bar, débit de tabac fut tenu par « Fine » Cariou.

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carotte-de-tabacLes marins des années 1900 portaient des bérets à larges bords pour se protéger de la pluie et des embruns. Ils étaient aussi bien pratique pour y glisser le rouleau de tabac à chiquer qu’ils appelaient : « la carotte » pas à cause de la couleur, mais plutôt pour la forme.

A propos de « Pitt » et de « Fine », une anecdote circulait entre marins dans les bars de Lesconil.

Peut être que ce n’était qu’un  » bobard »…de plus…?

« Per Bihan » et « Youtar » son attablés chez « Pitt ». Ils commandent un verre de lambig pour se réchauffer le gosier après leur retour de mer.

« Fine » rempli les verres sans « faux col » en prenant soin de ne pas déborder.

« Youtard » aussitôt s’écrit :  » Fine, j’ai l’impression que  ton lambig s’est noyé! »

« Per Bihan » confirme les dires :  » Ar boeson zo kuit ! »

Derrière le comptoir « Pitt » qui a suivi la conversation, dit discrètement à l’oreille de « Fine » :

« je t’avais dit, tu as trop mis d’eau dans le lambig »

« Fine » se croyait maline, mais pas assez pour tromper ces vieux « loups de mer ».

Après la seconde guerre mondiale, l’établissement fut racheté par la famille Le Faou.

Fini la vente de tabac, le petit bar est maintenu. Un étal de boucher voit le jour.

Plus tard un petit super marché  « SPAR » a vu le jour rue Joliot Curie.

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De nos jours, il n’y a plus de boucherie ni de bar. L’immeuble a été vendu.

En face de chez « Pitt », toujours dans le triangle des bars, il y avait un autre débit de boissons très fréquenté par les marins:  l’hôtel du port.

« L’hôtel du Port »

Cet établissement construit en 1925 par Guillaume Corcuff comprenait en rez de chaussé, une boulangerie -débit.

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Plus tard, l’établissement fut tenu par Louis Stephan et son épouse Yvonne Corcuff dit « Vovonne ».

Louis tenait le bar, qui avait été aménagé en lieu et place de la boulangerie. « Vovonne’ tenait la petite confiserie attenante au bar sur la partie gauche.

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Le bar de l’hôtel du port « Chez Louis »

Louis Stéphan, le patron, régnait en maître derrière le haut comptoir en zinc de son petit bar donnant sur la rue du port. De nos jours, le local est devenu une pizzéria snack grill au nom de « la Paillotte ».

Derrière le comptoir l’œil était attiré par un énorme crabe aux pattes tentaculaires qui semblait ramper sur une bonne partie du mur. Si l’araignée de mer est une espèce endémique de nos côtes, ce type de crabe est totalement inconnu.

Le « Macrocheira Kaemferi » communément appelé crabe-araignée géant du japon est une araignée de mer dont le mâle peut atteindre plus de 3 mètres d’envergure. Celui du bar à Louis faisait bien 1,50 mètres.

En semaine, le bar était très calme, seul quelques « notables » venaient ensemble prendre leur petit verre de vin blanc. Il y avait entre autres, un ancien maire, un directeur d’école, un instituteur…il ne manquait plus que le curé pour être « Pagnolesque ».

Le soir, après l’arrivée des chalutiers au port, la pêche vendue en criée, les équipages venaient prendre un verre appelé « chopine de pêche » avant de rentrer à la maison pour la soupe.

Le samedi après-midi, le bar connaissait une grande affluence car certains équipages de malamoks se retrouvaient pour « loder » (partager) le fruit de la pêche de  toute la semaine. Louis mettait à disposition une petite salle au fond du bar ainsi qu’une partie de la salle du restaurant. Après la paye, l’ambiance était chaude. Louis comme son araignée aux pattes tentaculaires se démenait aux quatre coins du bar pour servir les gosiers assoiffés. Dans ces moments-là, Louis devenait bourru avec la pression et…22 de tension.

Les souvenirs qui me resteront de Louis Stéphan, en plus d’être un grand ami de mon père, tous deux conscrits et natifs de Plobannalec, c’est sa gentillesse.

Sur cette photo de la classe 1942, on peut reconnaitre également Arsène Coïc,  un autre ami de mon père (ancien résistant FFI arrêté et déporté).  André Trébern, René Cadiou (ancien coiffeur) etc..

Plus tard, suite à des agrandissements de l’hôtel du port, un autre bar verra le jour rue des Équipages. Ce bar sera tenu par Vovonne ».

Attenant à « l’ Hôtel du Port » un autre bar-tabac-journaux, vit le jour dans les années 1950.

Tenu par Pierre et Francine Draoulec, l’établissement vendait également les billets d’accès aux  bus desservant les villes des alentours, jusqu’à la gare de Quimper. Pierre Draoulec était l’un des chauffeurs.

« L’Escale »

Plus tard, le bar tabac librairie journaux  fut appelé  » L’Escale ». Il est de nos jours tenu par Pierrick Draoulec et son épouse.

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A la pointe du triangle, pas celui des Bermudes, à l’endroit où se trouvait jadis l’ancienne conserverie de poissons Maingourd,  « ar fritur cozh », vit le jour dans un vieux penty qui avait servi pendant un certain temps de Poste Centrale, la maison de la côte : « Ty an Aod ».

L’auberge « Ty an Aod »( la maison de la côte)

Ce bar situé place de la résistance ouvrit ses portes en 1971. Il était tenu par Gilbert et Nicole Divanac’h. Sur le côté du bar, les propriétaires y installèrent une petite auberge.

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Le comptoir du bar était  original,  fait une demi-coque de bateau. Gilbert était toujours à la barre avec le sourire.

Les soirées étaient conviviales et souvent musicales ce qui n’a pas manquer d’attirer de nombreux chanteurs bretons comme Alan Stivell, Dan ar Braz et même le canadien Gilles Vigneault. La notoriété des lieux était acquise, mais un apéritif typiquement  bigouden au « pouvoir renversant » va en augmenter les effets. Gilbert jamais à court d’idées, fut l’inventeur du « diboulac’h », qui se prononce : « diboular »

Le « diboulac’h », kesako ?

Le « diboulac’h » est une boisson composée d’un mélange de crème de cassis et d’eau de vie de cidre dénommé «  lambig ». Le lambig est le pendant du Calva normand. Cet apéritif bigouden était connu sous le nom de mélange cassis, « mêlécass »pour les anciens. .

Alors pourquoi ce nom de « diboulac’h » ?

La dose de lambig bien supérieure à celle du « mêlécass » était aussi variable suivant l’humeur du patron et la tête du consommateur. Surtout pas de glaçon qui aurait altéré le parfum subtil du mélange de la pomme et du cassis.

Après un verre de ce breuvage, l’humeur virait au beau fixe, après deux verres il y avait déjà quelques coups de soleil sur la figure, un troisième verre c’était plein feu dans la mature. Tangage et roulis assuré.

Au tout début, un client lui demande : « Gilbert, ton cocktail est excellent, comment tu l’appelles ? ».

Gilbert réfléchi. Il aperçoit sur le mur du bar le grand cadre avec la photo d’un vieux gréement  bigouden dont le nom est « Diboulac’h ».

Un « diboulac’h » !,  dit-il fièrement ».

En 2009, l’auberge « Ty an Aod » est vendue, elle change de propriétaire et de nom pour

devenir « Leskobar ».

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Aujourd’hui le « Leskobar » est de nouveau à vendre.

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En se dirigeant  vers le quartier de Pontruche, de nos jours rue Joliot Curie, deux imposantes bâtisses possédaient chacun un discret petit bar.

« Hôtel Bellevue »

Le premier était situé dans l’hôtel « Bellevue ». Cet établissement tenu par les sœurs Kerling possédait également une petite épicerie attenante au bar.

Les marins qui passaient à l’épicerie acheter une « petite bricole » pour la maison, sur demande de madame, n’omettaient pas non plus  de commander un petit verre au bar.   Le bar à double emploi (bar-épicerie ou tabac ou boucherie)  a toujours été un bon plan pour les tenanciers. Ils faisaient d’une pierre deux coups.

« Hôtel de la Plage »

Le second, était situé dans « l’Hôtel de la Plage » tenu par madame Cossec-Keraudren. C’était également une halte discrète avant le retour à la maison pour la soupe du soir.

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La salle de restaurant de l’hôtel de la Plage

Une chambre donnant sur le port de l’hôtel de la Plage

L’Hôtel de la Plage mis en vente, se dégrade petit à petit.

Exit aussi  l’hôtel « Bellevue » et son restaurant, l’établissement est  devenu l’imposant bar PMU  « Le Galion ».

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Le « Grand Hôtel des Dunes »

Plus loin à la sortie de la commune, sur la route du sémaphore (rue Laennec), le « Grand Hôtel des Dunes » possédait également son petit bar.

Cet hôtel restaurant est toujours la propriété de la famille  Le Bec.

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En venant par la route de Plobannalec, de nos jours appelée « Rue de la Libération »  nous ferons  escale dans les différents bars, buvettes, débits, bistrots et estaminets, qui jalonnaient les routes qui menaient au port de pêche. La plupart de ces escales ont disparus à jamais.

La « Buvette » Boulangerie d’ Henri Chever

Cette « buvette », dont il ne reste que l’enseigne effacée sur la bâtisse, était le premier bar à l’entrée de Lesconil actuellement sise rue des hirondelles.

Les habitués du quartier de  Penaruen s’adonnaient la galoche sur le chemin devant la buvette.

Pourquoi ce terme de buvette ?

Dans les stations thermales, la buvette est un endroit où l’on boit « les eaux ».

De nos jours, dans une buvette, on y boit plutôt du vin que de l’eau.

Je me souviens que par le passé, sur le port de Saint Guénolé, il y avait une petite buvette dont l’enseigne sur la façade était la suivante :

« O 20 100 O »

 Il fallait trouver et oser : « au vin sans eau »

Henri Chever était principalement boulanger et son pain était réputé.

Chez Chever comme pour l’eucharistie, il y avait le pain et le vin, mais je ne pense pas qu’à la sortie l’absolution était acquise.

Toujours est il qu’il y avait souvent un  « petit coup pour la route », pour se rendre  au cimetière et un « petit coup à  la mémoire » du défunt au retour.

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Les habitants de Penaruen et de Menez Veil venaient très souvent faire cuire leur riz au lait dans le four du boulanger.

A la droite de l’entrée, il y avait un grand comptoir en bois. Sur sa face avant, des panneaux peints de couleurs vives, façon tapisserie,  représentaient des paysages bucoliques de champs de fleurs.

Un jour, un couple de touristes néerlandais, de passage dans le pays bigouden, s’arrête pour quelques jours dans le petit port de Lesconil.

En se promenant dans cet endroit, à l’entrée du village, connu seulement des autochtones et des joueurs de galoches, ils entrent dans le bar pour se désaltérer et tombent en admiration devant le comptoir entièrement peint à la main.

Amoureux des fleurs, en particulier des tulipes et des jacinthes comme tous les hollandais, Ils décident aussitôt de l’acheter et en offrent un bon prix à Henri Chever. Malheureusement le comptoir était indispensable à Henri pour poser les verres et il ne voulait pas s’en séparer.

Plus tard quand le commerce ferma ses portes, le « Bon Coin » n’existant pas encore, le comptoir fut bradé et il disparut à jamais.

La seconde escale n’était pas bien loin, quelques dizaines de mètres, dans le rond-point de la Rue de la République et de la Rue de la Paix.

Le bar de Maï Rouz  (Marie la rousse)

Qui aurait imaginé qu’un petit bar était caché à l’intérieur de ce penty de bord de route ou Il y avait toujours affluence lors des enterrements. En effet après chaque cérémonie au cimetière de Lesconil, les amis du défunt qui revenait à pied y faisaient une halte pour boire un verre et même plusieurs à la mémoire du disparu.

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Si le penty existe encore de nos jours au bord de Rue de la République, plus de halte, le bar s’en est allé, décédé lui aussi. Disparu aussi les cortèges funèbres qui partaient de la maison du défunt derrière le corbillard tracté par un vieux cheval de trait.

A quelques encablures, sur la place de La Roche, le petit bar faisait office d’arrêt de bus.

Quoi de plus logique qu’un petit verre ou  même un quart en attendant son car.

Le bar chez « Per »Din »

Au milieu de la place il y avait un petit bar qui faisait office de bureau de vente des tickets pour les bus.

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Cet établissement était tenu par Pierre Draoulec dit « Per Din« .

En descendant la « Grande Rue » en direction du port, d’autres escales nous attendent.

Bar chez Struillou

Au croisement de la rue de la rue de la République et de la rue Guy Moquet, il y avait une petite boulangerie qui faisait également office de bar chez Maurice Struillou.

Plus tard la boulangerie sera transformée en magasin d’électroménager par Monsieur Tréguer.

De nos jours les locaux sont transformés en une laverie automatique.

Un peu plus bas dans la « grand rue », il y avait un petit bar qui avait fait office de premier  bureau de poste de Lesconil. Il était tenu par un ancien maire de Plobannalec-Lesconil : Hervé Guirriec.

Le bar de l’ Atlantic Hôtel

A quelques encablures, l’ Atlantic Hôtel tenu par Nicolas Stephan puis par Madame Toulemont plus connue sous son nom de jeune fille, Odette Biger, avait bien sur son petit bar.

De temps en temps, la grande salle de restaurant servait de salle de bal.

Plus bas sur la gauche encore une boulangerie, épicerie, boissons tenue par Mrs Draoulec, puis Riou, puis Albout.

Après toutes ces escales, nous revoici  revenu dans le « triangle du port » .

Le bar-boucherie de Marcel Draoulec, le père de « Tintin »

En prenant la rue Pasteur, à l’angle de la rue des Francs-Tireurs, on ne pouvait pas manquer la boucherie-bar de Marcel Draoulec, le père de « Tintin ».

Je me souviens très bien de la disposition des lieux. Il fallait descendre une marche pour accéder au local. La boucherie se trouvait à gauche de l’entrée et le comptoir du bar sur la droite.

Avec l’équipage du « Crap Melen » nous avions rendez-vous tous les samedi après-midi dans la salle du fond pour « loder ». Cette salle servait parfois de salle de restaurant et de bal.

Le « Crap Melen » ( Corail Jaune) à Concarneau

Le terme  breton « Loder » signifie partager. Le « lod » étant le lot, la partie.

« Loder » consiste donc à déterminer la part qui revient à chaque membre de l’équipage du chalutier.

André le Pape, le patron du « Crap Melen »  tel un  « grand argentier » sortait de sa sacoche les liasses de billets, fruit de la vente des prises de la semaine à la  criée de Concarneau.

« Dédé » changeait alors de tablier pour devenir « comptable en chef». Il sortait toutes les factures de son sac et son crayon magique, finement taillé énumérait à voix haute tous les frais occasionnés durant la semaine écoulée : « gaz oïl, vivres, location de la radio, du sondeur… »

Après avoir soustrait les dépenses des recettes, il divisait la somme en deux parts. La première part revenait en totalité au patron armateur et les billets retournaient illico presto dans la sacoche de « Dédé ».

L’autre moitié était divisée par le nombre de matelots, patron compris. Chaque part ainsi obtenue correspondait à la paye de la semaine. Le mousse n’avait qu’une demi-part et le novice ¾ de part.

Les comptes terminés, l’argent rangé, « Dédé » offrait la tournée. Avant de se quitter il donnait l’heure de rendez-vous pour le lundi suivant.

De nos jours,les locaux sont occupés par un cabinet médical.

Boulangerie-bar Cariou

En face de la boucherie de Marcel Draoulec, il y avait la boulangerie de « Célestine » qui faisait également office de bar.

Je me souviens qu’avant de partir en mer, vers 4 heures du matin,  je frappais sur le volet à l’arrière de la boulangerie pour prendre le pain frais pour la semaine. Le pain était mis dans la cale sur la glace pour le conserver au mieux.

De nos jours, exit le bar, mais  la boulangerie perdure sous l’enseigne « Guidal ».

Dans le quartier des quatre vents il y avait deux petits bars dans la rue Romain Rolland, dont le plus connu était celui de Paul Jaffry.

Epicerie-bar chez Paul Jaffry

Ce petit commerce était plus connu sous le nom de « Maï Lay ». Les enfants du quartier passaient souvent pour acheter des bonbons qu’elle vendait dans de gros bocaux.

Quelques mètres plus loin il y avait un autre petit bar qui faisait également office d’épicerie

Epicerie-bar le Coz

Ce commerce était également connu sous le nom de bistrot de « Per Rouz » (Pierre le Rouge).

Quittons le quartier des Quatre-Vents et dirigeons nous vers le Ster Nibilic et l’église « Notre Dame de la Mer ».

Le café de l’église d’ Albert Biger

Le bar était on ne peut plus discret. Normal il se situait à quelques mètres de l’église « Notre Dame de la mer ».

Sa fréquentation était dépendante de celle de l’église. Les jours de baptême, de mariage ou même d’office pour un décès, il y avait quelques clients pas « pratiquants » ni même catholiques dans son petit bar.

Albert n’était pas sectaire et il accueillait toutes les brebis, même elles qui s’étaient égarées.

Albert, était aussi  le grossiste en vin de toute l’agglomération. Il fournissait tous les autres bars ainsi que tous les bateaux de pêche.

Tous les samedi matin, avec ses jeunes employés, étudiants pour la plupart, il faisait déposer les caisses de vin, de bières et d’eau sur le quai devant chaque bateau ayant passé commande comme on peut le voir sur la photo ci dessous à coté du chalutier la Maryse Françoise

En plus de cette activité florissante et lucrative, Albert, infatigable faisait office de taxi.

Tous les lundi matin, à quatre heures, en compagnie d’André le Pape, le patron, et de Louis Chaffron, le mécanicien, j’attendais sur la place de la poste l’arrivée de la DS Citroën commerciale blanche d’Albert qui devait nous conduire au port de Loctudy pour embarquer sur le « Crap Melen ». Je me suis souvent posé la question du pourquoi de toute cette logistique  contraignante et couteuse. Plusieurs chalutiers de Lesconil pratiquaient ce modèle de pêche.

En changeant de chalutier l’année suivante, j’ai découvert un autre univers. Oublié le taxi d’Albert, le chalutage autour de la « base jaune », les débarquements de la pêche toutes les nuits à Concarneau, le retour à Loctudy.

Bienvenu dans l’univers des jours sans fin, avec parfois du chalutage nuit et jour.

Bienvenu sur la « Maryse Françoise », mais ceci est une autre histoire que je me ferais un plaisir de vous raconter ultérieurement.

Un peu plus tard dans les années 1980, face à la cale de l’entrée du Ster, un nouveau bar vint compléter la longue liste des  » Lescobars » disparus à jamais.

Cet établissement était connu sous l’enseigne de « Bar chez Marie Cécile »

Épilogue

Tous les petits commerces  de proximité disparaissent les uns après les autres.

Les bars, bistrots, buvettes, et autres estaminets désertent aussi nos ports et nos côtes.

Même les « Bobards » le bar dancing mythique de Montréal à fermé ses portes en 2015.

Un espoir est toutefois permis dans ce monde cruel ou tout se perd et se délite.

Derrière la plage des Sables Blancs, entre Lesconil et Loctudy, un nouveau bar dénommé le « Baradoz »  a ouvert ses portes pour tous ceux qui veulent rejoindre, l’espace d’une soirée…….. le « Paradis ».

Merci à tous mes anciens camarades et amis de lesconil pour leur aide dans cette « tournée » des anciens bars de Lesconil.

Yé mad !