Histoire des « Vire-Court » de l’Odet,

les vire court de l odet

L’Odet est une rivière bretonne qui prend sa source dans les Montagnes Noires à Saint Goazec, au lieu-dit « Youenn  ar Vouster » (Yves du monastère).

Les Montagnes Noires, « Menez Du »

Les montagnes noire « Menez Du » en breton sont une chaîne de petites montagnes de granits et de schistes couvertes de landes et de forêts séparées par des tourbières.

La chaine s’étend à l’ouest et à l’est de la dépression de Chateaulin jusqu’à Saint Goazec dans le Finistère.

Le plus haut sommet, un peu plus à l’ouest est le « Menez Hom », qui culmine à 330 mètres. Les flancs de « la montagnette » sont couvertes de genets et de bruyères.

Les sommets sont hérissés de pierres décharnées qui donne aux massifs un aspect lugubre, d’où son nom de montagnes noires. La chaîne est très riche en gisements d’ardoises.

Chaque pic rocheux est affublé d’un nom souvent imagé et inspiré par les légendes bretonnes.

– Karrec’h an tan (le rocher du feu) est un roc pointu qui servait de poste de guet. A son sommet, on y allumait un feu pour signaler des intrus.

karreg an tan2

– Roc’h an Aotrou, le rocher du Seigneur qui culmine à 304 mètres.

– Roc’h ar Werc’hez,  le rocher de la Vierge d’une hauteur de 260 mètres

– Roc’h an Ankou, le rocher de l’Ankou est situé sur un plateau à 260 mètres de haut. L’Ankou est le personnage sinistre des légendes bretonnes annonciateur de la mort. Lorsque quelqu’un est sur le point de passer de vie à trépas, il entend la charrette de l’ankou qui arrive à sa porte.

ANKOU3

La rivière descend vers Quimper, la capitale de Cornouailles, et aboutit dans un vaste estuaire avec le village de Bénodet « Ben Odet » (embouchure de l’Odet) sur la rive gauche, en pays fouesnantais,  et  celui de Sainte Marine sur la rive droite, en pays bigouden. Pendant longtemps ce fut une véritable frontière ou il fallait un passeur puis un bac pour traverser d’une rive à l’autre.

D’où vient cette dénomination bizarre de « vire-court » ?

Les « voileux » savent que pour remonter face au vent, il faut  « tirer des bords ».

CARAVELLE

C’est-à-dire virer de bord pour mettre les voiles dans le « lit du vent » pour éviter qu’elles « faseyent ». Une voile est dite « faseyante » lorsqu’elle bat d’un bord à l’autre.

Lorsque la distance  entre les rives se rétrécit et devient plus courte, il est difficile de virer pour changer de bord.

caravelle

Les caravelles espagnoles  aux 16ième 17ième siècles étaient lourdes, à voiles carrées, ce qui constituaient un handicap supplémentaire pour remonter au vent.

GALION

Lorsqu’il y a en plus un courant inverse lors de la marée descendante, cela devient impossible de remonter l’Odet.

Le lit de la rivière Odet se referme fortement à un endroit donné, ce rétrécissement est suivi par des coudes très prononcés.

Au 17ième siècle une flotte espagnole remonta l’Odet depuis son embouchure, entre Bénodet et Sainte Marine, dans le but de s’emparer, et de piller la ville de Quimper. Arrivé devant les coudes, ne percevant que les falaises surmontées par les zones boisées des deux rives, ils eurent l’impression que la rivière s’arrêtait à cet endroit, la flotte rebroussa chemin.

Depuis cet épisode, on nomme cet endroit de la rivière : « les vire-court ».

Avant de reprendre la mer, ils firent des provisions d’eau douce à la fontaine située en amont sur la rive droite au lieu-dit «le Perennou». Cette fontaine est maintenant appelée:« fontaine des Espagnols ».

La pointe du coude sur la rive gauche est également appelée : « Pointe des Espagnols »

Sur la rive droite sur une colline dominant le coude, au-dessus d’une petite crique ou coule un ruisseau qui alimentait le moulin (meilh) de Rossulien se trouve le « château du loup » (Kerambleiz).

Cette Pointe des Espagnols est matérialisée par de la peinture blanche sur l’extrémité du rocher afin d’être plus visible par les bateaux qui circulent la nuit.

VIRE COURT

Un fût de canon a été installé sur la rive.

Il est donc compréhensible que des navires à voiles du 17ième siècle aient eu quelques difficultés à poursuivre leur route vers Quimper, surtout si la marée descendait et que le brouillard, fréquent sur la rivière, rendait les contours flous et lugubres.

A  cette époque les gens craignent les « korrigans » (korriganed) ainsi que d’autres créatures maléfiques qui hantent les lieux et qui s’attaquent aux navires pour les envoyer par le fond.

Le courant dans le coude est très important. Le canon bétonné dans la roche servait de « bitte d’amarrage » pour faciliter le passage en virant au guindeau sur l’aussière.

Dans les « vire-court » de la rivière Odet, il existe des rochers qui attirent la curiosité. Ces rochers sont de nos jours, tout de blancs vêtus, car ils servent d’amers pour les bateaux lorsque la brume recouvre la rivière en ces endroits « mal pavés » comme le disent les marins.

Le premier de ces rochers se trouve sur la rive droite après l’anse du moulin de Rossulien. Pour y accéder, il faut quitter le petit chemin et descendre vers l’Odet.

Le rocher est en à pic au-dessus de la rivière. Il est appelé « rocher de la pucelle ».

A lire également sur le site la passionnante histoire du « rocher de la pucelle » et du « siège de l’Évêque ».

En amont la vue est magnifique sur la maison du loup « Kerambleiz ».

Le château de Kerambleiz

Jean Claude Quideau

Octobre 2011

2 réflexions au sujet de « Histoire des « Vire-Court » de l’Odet, »

  1. Scannant des diapos de 1997, je tombe sur l’appellation « Vire-court » . Mystère que ceci. Aussitôt direction Google et l’éclairage se fait alors par cette excellente documentation dont je remercie le ou les ‘auteurs. Ce jour 24 novembre 2014

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